Quel texte ! Les amoureux, nombreux, de Paris y liront une déclaration aux accents religieux ; les curieux, nombreux, y verront un retour à l’histoire de la capitale et à tous ceux qui l’ont bâtie ; les amateurs de politique, nombreux, y entendront l’appel des grands hommes pour une ambition européenne avant l’heure. Aucun ne peut rester indifférent au portrait de cette ville unique écrit avec une flamme, une érudition, une détermination que seule la verve du plus grand des poètes pouvait lui inspirer.
Aux yeux de Victor Hugo, Paris n’est rien d’autre que l’héritière de Jérusalem, Athènes et Rome réunies, grâce au génie français incarné par Rabelais le Père, Molière le Fils et Voltaire l’Esprit…
En 1867, depuis son exil de Guernesey, Victor Hugo abandonne un instant ses projets de romancier pour écrire la préface du Paris-guide de la future Exposition universelle de 1869. Il en profite bien sûr pour lancer quelques piques à Napoléon III son tourmenteur politique, mais il y fait surtout l’éloge de la Convention de 1789, et des progrès sociaux qu’elle a pu générer et dont il se sent l’un des hérauts.
En véritable prophète des temps nouveaux, laïque convaincu et républicain opiniâtre, il annonce que Paris succède d’évidence à Athènes, cité de la Raison et de l’art, à Rome, empire de la puissance et capitale de la chrétienté, et à Jérusalem, ville du vrai où s’est levée la liberté. Ici, maintenant et demain, Paris ville-monde, et future capitale d’une Europe unifiée, est symbole de liberté et de fraternité universelles où l’humanité entière se réconcilie. Le Vrai, le Beau, et le Grand y ont rendez-vous pour annoncer la suprême parole : « Liberté, Égalité, Fraternité. »
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"La fonction de Paris, c’est la dispersion de l’idée. Secouer sur le monde l’inépuisable poignée des vérités, c’est là son devoir, et il le remplit. Faire son devoir est un droit. Paris est un semeur. Où sème-t-il ? dans les ténèbres. Que sème-t-il ? des étincelles. Tout ce qui, dans les intelligences éparses sur cette Terre, prend feu çà et là, et pétille, est le fait de Paris. Le magnifique incendie du progrès, c’est Paris qui l’attise. Il y travaille sans relâche. (…) De là le profond éclairage des esprits."