La tentation est grande de réduire le Texas à quelques clichés. Un Sud caricatural avec ses armes, son puritanisme, ses paysages de western et un mur qui fermerait les frontières avec le Mexique voisin. Mais ce serait ignorer que nous sommes là face à un État plus vaste que la France, le plus grand des États-Unis d’Amérique après l’Alaska qui, de Houston au désert de Big Bend, de Dallas aux rives du Rio Grande, offre une incroyable diversité géographique et humaine. Quoi de commun entre le fermier dans son ranch, qui domine d’immenses étendues inhabitées, et les ingénieurs confinés du Centre spatial de Houston qui rêvent de fusées et de conquête de l’espace ? On connaît le Texas des tueries de masse mais on a oublié que les premiers mots de Neil Armstrong victorieux, effectuant ses premiers pas sur la lune, furent : « Allo, Houston, ici la lune ! » Eh ! oui, c’est ce Texas, que certains verraient volontiers comme un État enfermé dans le carcan de ses traditions, que l’on a appelé en premier depuis notre plus proche satellite…

Extrait :

« Méfiez-vous de celui-là. S’il existe une demi-douzaine d’aéroports officiels le long de la frontière ouest du Texas, en dehors d’El Paso, celui-ci est le premier et celui qui m’inspire le moins confiance.
Quand je descends là depuis Austin, je m’y arrête uniquement parce qu’au terme de la piste d’atterrissage fissurée, il y a une de ces grosses pompes rouges et noires Phillips qui servent ce carburant automobile, le mogas. Mon Cessna 182 est assez ancien pour bien marcher avec ce truc. En plus, en poursuivant à l’ouest au-delà d’Eagle Pass, tout se transforme en un désert blond, pigmenté de broussailles bleuâtres, un terrain militaire sur des milliers et des milliers d’hectares. C’est le genre d’endroit où vous ne voulez pas vous retrouver à sec et contraint de vous poser après avoir tourné et retourné un bon moment.
J’étais là le mois dernier et quelque chose d’étrange s’est produit… »