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Bouts du monde n° 59

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Éditeur : BOUTS DU MONDE

146 pages
Format : 17 x 24

Parution : 1 juillet 2024

EAN : 9782919497638
ISBN : 978-2-919497-63-8

Bouts du monde n° 59

Amérique du Sud

Disons-le tout net : le compte Instagram de Claire et Reno Marca n’a pas vraiment arrangé mes affaires. Mon envie d’aventure, libre comme le vent de Patagonie, au volant d’un véhicule aménagé sur la carretera austral, se heurtait à une requête familiale : passe ton CAP mécanique d’abord. Je trouvais la précaution abusive, mais revenait alors le souvenir d’histoires racontées dans Bouts du monde où des voyageurs racontaient avoir cassé l’essieu de leur camion au fin fond de la Sibérie. Je me disais que ce genre de choses n’arrivait jamais et qu’il fallait y voir une apologie de la panne mécanique, promesse de rencontres et d’imprévus grisants. Et voilà que Claire et Reno Marca ont cassé leur boîte de vitesses pendant l’hiver austral en Patagonie. La réparer ne fut pas une mince affaire, et il leur fallut se pencher sous le châssis du Land Cruiser pendant plusieurs mois avant de poursuivre l’aventure.

En attendant de savoir réparer un amortisseur – sait-on jamais ? – je continue d’espérer, à l’évocation du détroit de Magellan et d’Ushuaia, du Fitz Roy et de Punta Arenas. Pour cela, les Marca aident à prendre son mal en patience en attendant un grand départ : jour après jour, les petits bouts de texte qui légendent les photographies sur leurs réseaux sociaux offrent le souffle des grands espaces et la promesse de paysages d’éternité.

Où que l’on aille, de l’Amazonie à la Patagonie, de la cordillère des Andes au littoral atlantique, l’Amérique du Sud semble inciter aux excès. Qu’est venu chercher ou prouver Roberto Garçon, qui s’est délesté de tout dans la jungle équatorienne ? Là, les conditions de vie sont propices à altérer en quelques jours la salubrité mentale d’un jeune Européen, urbain par la force des choses. Julien Manta non plus ne s’est pas encombré de superflu dans son aventure de plusieurs mois en Amérique du Sud, préférant se dépouiller de tout et vivre sur un fil. Quant à Jérémy Bézard, il s’est laissé porter par les événements au guidon de son vélo triporteur, abandonnant rapidement son habit de voyageur pour celui d’artiste nomade, vivant de ses dessins.

Et l’émerveillement dans tout ça ? Vincent Piel-Hoffmann a placé beaucoup d’espoir dans les pics acérés du Cerro Torre. Mais il fait toujours mauvais à El Chaltén. Il ne reste plus qu’à espérer la clémence du ciel et prendre patience avec un bataillon de backpackers qui ont aussi placé les quatre montagnes pointues sur leur to do list.

Peu importait à Ella Maillard qui naviguait avec elle. À bord du bateau sur lequel elle a descendu une partie de l’Amazone, elle s’est transformée, dit-elle, en «?machine à anecdotes?». Fainéanter suspendue sur un hamac, crayon en main, lui a semblé la plus absorbante des occupations.

Sur le moment, Bruno Maximin et son ami Jason avaient trop à faire pour écrire. Et pour cause, les deux amis ont entrepris un sacré périple entre l’Amazonie et le lac Titicaca. L’un devait courir, l’autre devait pédaler. La mécanique de l’espace.