Quelle est la ligne éditoriale des éditions Ginkgo ? Que publiez-vous ?

Les éditions Ginkgo ont été créées en 2001 et sont héritières des Éditions du Griot apparues en 1988. La maison a développé au fur et à mesure plusieurs axes éditoriaux : la littérature étrangère, les essais sociologiques, l’humour, et bien sûr les récits de voyage. Elle compte aujourd’hui plus de 250 titres, avec habituellement 16 à 18 parutions par an. Les éditions Ginkgo sont diffusées par CED Diffusion et distribuées par Daudin.

 

Pascal Mongne, quel est votre parcours ?

Je suis historien d’art et archéologue, et pour la petite histoire, le tout premier ouvrage publié de notre aventure éditoriale est le premier récit du voyage au Mexique (1858-61) de Désiré Charnay qui deviendra plus tard un explorateur célèbre. Cet ouvrage nous a donné avec Reynald, l’idée de poursuivre dans cette veine en créant la collection « Mémoire d’homme », de rechercher des récits de voyage anciens – plutôt français ou de culture latine – et des biographies de personnages ayant joué un rôle dans l’aventure, l’exploration… La collection « Mémoire d’homme », dont je m’occupe aujourd’hui, compte à ce jour une cinquantaine de titres et généralement, nous publions en moyenne 5 livres par an dans cette collection. Tout dépend bien sûr des opportunités, des rencontres, de nos recherches…

 

Par quel biais trouvez-vous matière à publier ?

Nous avons deux façons de procéder : soit de manière traditionnelle où certains auteurs nous apportent des projets directement. Le problème est que bien souvent nous sont proposés des récits de voyages récents (de notre époque). Or ces voyages ne concernent pas notre collection consacrée principalement aux récits plus anciens (jusqu’au milieu du XXe siècle). Nous conseillons alors aux auteurs de se tourner vers nos amis de l’UEVI qui eux, se sont spécialisés sur les récits contemporains.

L’autre façon de trouver des textes provient des recherches ou des rencontres que nous faisons, mes collègues (historiens, ethnologues, historiens d’art, archéologues) et moi-même. Il est important de souligner que la publication d’un récit de voyage tel quel et tout seul n’a pas grand intérêt. Je pense que pour une meilleure présentation au public, le récit doit être accompagné d’un appareillage de notes et d’une introduction et/ou préface parfois importante de l’auteur ou d’un spécialiste. Ceci pour contextualiser l’œuvre, l’époque, le monde de l’exploration, les situations politiques et diplomatiques... Un véritable travail de recherche historique ! C’est pourquoi je demande régulièrement à mes collègues de rédiger l’introduction d’un livre à paraître.

Prenons l’exemple de l’ouvrage intitulé Des tranchées à la guerre de l’ombre (2018), composé à partir de textes d’origine par Philippe Sauzey. Haut fonctionnaire, ce dernier a retrouvé les carnets de son oncle, Jacques-Abel Sauzey, dans le grenier familial et relate l’histoire de cet officier français qui entre les deux guerres fut espion au service de son pays dans bien des pays du monde.

 

Pourrions-nous citer Théodore Monod ?

Bien sûr, tout le monde connaît Théodore Monod, ses recherches et ses expéditions. Pendant l’une des toutes dernières, au Yémen en 1995, le philosophe alors âgé était accompagné par José-Marie Bel qui nous a rapporté un magnifique récit de son aventure avec le grand homme (Au Yémen avec Théodore Monod), que nous avons décidé de publier en 2019.

 

Parlez-nous de la dernière parution dans la collection « Mémoire d’homme » : Amériques intimes, de Christine Frérot. Pourquoi avoir publié ce livre ?

Amériques intimes entre sous presse actuellement et sera disponible en librairie le 25 mars ! Je connais Christine Frérot depuis longtemps, elle est historienne et critique d’art contemporain, plus spécifiquement dans le domaine latino-américain ; de mon côté, je suis plus spécialisé en art précolombien : voilà bien des points communs que nous partageons. Christine a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues spécialisées, mais celui-ci est un projet plus personnel, plein d’émotion : un recueil de souvenirs de sa carrière et de sa vie au Mexique. J’ai tout de suite été séduit par son récit.

Dans le domaine de la réflexion sur l’art, nous avons également publié deux ouvrages illustrés par le photographe Philippe Brame et écrits par Dominique Ponnau, conservateur général et ancien directeur de l’École du Louvre. Dominique Ponnau est un grand spécialiste d’art sacré. La publication de ces deux ouvrages (Le Ciel indifférent, 2014 ; Présence de Solitudes, 2017) est un hommage que je rends à un chercheur et un humaniste que j’admire beaucoup.

 

Où peut-on trouver vos livres facilement ?

- La Géothèque, à Nantes

- La Géosphère, à Montpellier

- Le Baz’Art des Mots, à Hauterives (Drôme)

 

Citez-nous 3 titres incontournables de la maison d’édition.

  • Voyage au Mexique 1858-1861 de Désiré Charnay, le premier ouvrage de notre histoire éditoriale, réédité à plusieurs reprises : explorateur, photographe, archéologue (principalement au Mexique) durant la seconde moitié du XIXe siècle, personnage fascinant aux multiples facettes.
  • Les Naufragés, de Raynal, aventurier qui, survivant avec quelques compagnons d’un naufrage au sud des iles Auckland dans les années 1860, laissa un stupéfiant récit. Jules Verne s’en inspirera pour écrire L’Ile mystérieuse.
  • Pepita, l’histoire vraie et pourtant incroyable de la jeune Mexicaine et femme du général Bazaine qui avait commandé les forces françaises durant l’intervention au Mexique entre 1864 et 1867. Ne pouvant accepter la sentence de prison perpétuelle prononcée à l’encontre de son mari après les désastres de la guerre de 1870, Pepita organisera l’évasion de son époux, coup de maître digne des plus grands. Ce livre relate l’histoire de cette femme de tête.